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3. La dimension psychologique L’état psychologique dans lequel le patient se trouve lorsqu’il du rêve de l’effacement de tout. Cette vision intérieure est à utiliser, recherche une aide visuelle ne peut être éludé. En effet, le choc développer quand on ne peut plus accorder pleine confance aux créé par l’annonce du diagnostic et surtout le fait que sa pathologie informations visuelles incomplètes. Toutes les représentations de ne peut être guérie, induit des répercussions psychologiques ainsi soi et la conceptualisation sont alors plus justes et basées sur de La malvoyance qu’un cheminement caractéristique dont il ne peut faire l’économie. nombreuses expériences. Il doit être reconnu et respecté par le professionnel Basse Vision, faute de quoi la réadaptation ne se déroulera pas dans les meilleures conditions et ne donnera pas les résultats escomptés. Les principales étapes du cheminement psychologique Quelques remarques caractéristiques de certaines étapes psychologiques parcourues après l’annonce du diagnostic et Le « travail de deuil » se qualife par trois phases consécutives recueillies lors de la proposition et de l’essai des aides visuelles : à toute perte. Ce mécanisme psychologique est un mécanisme normal d’adaptation à une perte. • Ne pas en avoir besoin car ‘’j’ai des piqûres’’ • L’utilisation d’un système, lire, …va ‘’abîmer le peu de vue qui a) La détresse : c’est le choc, la dénégation : « ce n’est pas me reste’’ possible… », « je n’ai rien perdu » qui se produit à l’annonce de • Finalement, ne pas avoir besoin du produit, préférer s’en passer la mauvaise nouvelle. que de faire l’effort d’apprendre à l’utiliser. b) La dépression : c’est la désorganisation, le temps où la personne • Trouver que le système est trop diffcile à utiliser, ‘’je ne peux se confond avec ce qui est perdu : « j’ai tout perdu… » « je ne suis pas lire comme cela’’ plus rien… ». L’image de soi est remise en question. • Perdre son apparence, ne plus être ‘’comme les autres’’ c) Le dépassement : vient le temps de la restructuration, de la • « Dépenser autant maintenant… » réaction, de l’adaptation, de la compréhension de la portée • Bénéfces secondaires (visites, protection des proches, …) fonctionnelle de la défcience, des désavantages et incapacités induites. La personne reconstruit une image de soi opérante, Basse Vision Pratique elle est prête à s’accommoder de sa défcience. Ce cheminement est normal, long et douloureux. Chaque personne franchit les différentes étapes à son rythme, en fonction de son passé, de son histoire, de ses ressources personnelles mais aussi de l’aide et du soutien qu’il reçoit. L’enjeu pour le sujet est de réinvestir le plus largement possible les champs de ses compétences anciennes et d’explorer d’éventuelles autres compétences ou intérêts jusque-là peu exploités. L’aide à apporter est donc fonctionnelle, technique et relève pleinement de la compétence des professionnels spécialisés. Importance de la qualité de l’entretien L’entretien avec le malvoyant apporte plusieurs éléments indispensables à sa prise en charge. Tout d’abord, à travers la description de sa perte, brutale ou progressive, de ce qu’il peut encore faire et de ce qu’il ne peut plus faire, le malvoyant nous éclaire sur ce qui compte le plus pour lui et nous aide à défnir son projet mais aussi, comment il se situe dans l’annonce du handicap et à quel stade du processus de deuil il se trouve. Ce temps permet, d’autre part, au praticien d’adopter la bonne attitude professionnelle, trouver les « mots pour le dire » afn de s’adapter à la personne et de transmettre au mieux explications, encouragements, accompagnement dans la progression, sans l’infantiliser, sans la surprotéger mais en la traitant en adulte responsable. Il est important de prendre en compte son expérience, ses activités antérieures professionnelles et ludiques, son niveau intellectuel, la disponibilité des processus cognitifs. Ils permettent de s’appuyer sur la structuration mentale, le processus fondamental de catégorisation dans l’acquisition des connaissances, la capacité d’abstraction, l’imaginaire, l’accès aux représentations mentales, à toute vision intérieure qui supplée une carence visuelle. Notons enfn que ces périodes d’équipement s’inscrivent dans des cycles thérapeutiques qui font ressurgir la « pensée magique », déclenchent toujours l’attente d’un miracle, de la disparition de la gène, de la guérison, du fol espoir de « revoir comme avant », 9 Copyright © 2013 ESSILOR ACADEMY EUROPE, 13 rue Moreau, 75012 Paris, France - Tous droits réservés – Divulgation et reproduction Interdites Copyright © 2013 ESSILOR ACADEMY EUROPE, 13 rue Moreau, 75012 Paris, France - Tous droits réservés – Divulgation et reproduction Interdites
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